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auprès de l’enfant, que M. de Salcède avait fait installer là comme étant un local plus sain et mieux aéré que la demeure des fermiers. Yvoine était venu au Refuge dans la journée chercher quelque chose pour M. de Salcède ; il avait toute sa confiance. Il n’avait pas remarqué la fenêtre du salon restée ouverte, et n’avait pas de raison pour revenir avant le lendemain. Il n’y avait pas de feu dans la maison, mais il y avait de quoi en faire. Le jour baissait, mais il y avait des bougies sur les cheminées. J’étais à jeun après une course pénible ; je regardai dans les armoires. Comme il n’y avait pas de cuisine et qu’évidemment M. de Salcède ne prenait point ses repas chez lui afin de n’avoir pas l’espionnage d’une servante, il devait avoir quelque part un en cas quelconque, soit pour lui, soit en vue de la récente visite de la comtesse, qui n’en avait pas profité, puisqu’elle n’était pas venue chez lui.

En effet, je trouvai au salon du pain très-durci, une terrine de Périgueux non ouverte et des confitures intactes ; mais j’étais, en présence de ma découverte inespérée d’un amas de preuves, aussi surexcité que madame auprès du lit de son fils. Je n’avais ni faim, ni froid, ni soif, ni sommeil. Après avoir constaté que l’appréhension de quelque malaise physique ne viendrait pas troubler ma lucidité, je poussai soigneusement les contrevents. J’allumai deux bougies et je m’installai au bureau