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homme qui va à la promenade. Il eût pu me voir en levant la tête. Je me retirai précipitamment et j’entendis, au claquement de ses sabots sur la roche, qu’il s’éloignait. Je pouvais maintenant le voir sans avancer la tête. Il marchait dans la direction de Flamarande, laissant sur sa gauche celle que j’avais prise pour pénétrer dans cette solitude. Il y avait donc par là une communication plus directe.

Évidemment j’étais prisonnier à l’insu d’Yvoine. Habitait-il cette maison ou venait-il seulement donner de l’air aux appartements ? J’avais dû entrer sans qu’il me vît, j’avais dû me croiser avec lui sans le voir.

Étais-je enfermé là pour quelques heures seulement ? reviendrait-il le soir ou dans quelques jours ? Ma situation pouvait devenir inquiétante. Dans ce désert, il paraissait tout à fait inutile de crier et d’appeler, car la voix des bergers et les aboiements des chiens de la montagne n’arrivaient pas jusqu’à moi, et je ne pouvais les distinguer que comme des points épars dans l’herbage.

Mais il n’est pas difficile de descendre d’un entre-sol, même sur un mur lisse et recrépi, pour peu que l’on ait une corde ou un drap de lit. Les rideaux de la fenêtre pouvaient au besoin me servir. D’ailleurs, puisque j’avais trouvé la fenêtre ouverte, Yvoine viendrait certainement la refermer avant la nuit. Je me tranquillisai et même je songeai qu’il fallait mettre le temps à profit pour chercher dans