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la nature. Les gazons, tout semés de fleurs, s’abaissaient d’un côté jusqu’au lit du petit torrent, et de l’autre se relevaient en pente mollement sinueuse jusqu’aux premières assises rocheuses de la montagne. Les massifs d’arbres étaient si bien disposés et si bien éclairés par le soleil, qu’on se serait cru dans un jardin anglais savamment aménagé pour imiter la nature en ce qu’elle a d’élégant, de frais et de pur dans les endroits privilégiés. Il n’y avait pourtant pas ce qu’on appelle des points de vue. La montagne formant impasse présentait un cirque peu élevé qu’on pouvait embrasser d’un coup d’œil. Les bois qui marquaient la limite entre les derniers étages de la prairie et la roche nue formaient une ceinture irrégulière du plus charmant effet ; plusieurs ruisseaux, les sources du torrent de Jordanne, bondissant des hauteurs en minces cascatelles, se réunissaient à peu de distance de la maisonnette pour se diviser encore au delà et former d’autres cascades dont les notes différentes se mariaient en une sauvage et pourtant douce harmonie. Ce que j’avais pris pour un enclos n’était qu’une petite île inculte.

Au-dessus des brèches volcaniques qui fermaient l’enceinte apparaissaient les cimes de montagnes plus élevées : le puy Marie, les puys Griou et Chavaroche. De ce côté-là, il paraissait impossible de sortir de l’impasse ; mais, vers le midi, par un interstice des collines boisées au milieu desquelles