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veiller la cour et la porte de l’hôtel. Madame sortit à une heure avec Roger, Hélène et l’abbé. Elle était fraîche comme une rose ; elle n’avait pas été malade. Pourtant, si elle s’était rendue à Flamarande, elle devait être fatiguée ; mais la joie de voir Gaston et celle de retrouver Roger l’avaient empêchée de le sentir.

Étais-je fou ou avais-je deviné juste ?

— Si elle a été à Flamarande, pensais-je, c’est là que je dois aller chercher la vérité. Si elle y a été seule, je l’absous ; mais, si elle y a été avec Salcède, je reprends ma tâche. Je cherche une preuve et je la garde pour sauver Roger du partage qui le menace.

J’étais libre de mes actions, car, depuis que M. le comte était occupé de ses maîtresses (que je ne voulais servir en aucune façon), je n’étais plus dans sa maison qu’un fonctionnaire de luxe. Je partis donc pour l’Auvergne au moment où madame la comtesse partait pour la Normandie. Je passai par Montesparre afin de savoir si la baronne y était. Dans ce cas, on pouvait supposer qu’elle avait suffi pour favoriser l’entrevue entre la comtesse et son fils. Je m’informai prudemment. La baronne était attendue. Il n’y avait encore personne chez elle.

La saison était encore fraîche le soir et le matin ; mais dans la journée le soleil donnait une douce chaleur, et le ciel d’un bleu vif, rayé de légères bandes blanches comme de l’écume, était admi-