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Et il sortit en courant.

Je ne le retins pas. Il me répugnait de faire constater par ce cher enfant l’absence de sa mère, ou de l’amener à la trahir. Je le revis dans la journée et ne lui demandai rien. Je me reprochais d’en avoir déjà trop dit. Je me rassurai en le retrouvant gai et pétulant comme à l’ordinaire.

Deux jours se passèrent encore ainsi. Le cuisinier préparait les minces repas de la malade. Le valet de chambre de madame les portait dans l’antichambre et les remettait à Hélène, qui déposait les assiettes vides au même endroit. Les visites étaient consignées à la porte sans exception. On avait ordre de dire que madame était sortie et même partie pour la campagne. Le médecin vint et s’en retourna, la croyant guérie.

Le lendemain, Roger vint à moi dans la galerie, il avait l’air soucieux, et j’en fis la remarque.

— Dis-moi, s’écria-t-il en me jetant les bras au cou, si, quand une personne est malade, c’est qu’elle est fâchée ?

Et, comme je ne comprenais pas, il ajouta :

— Maman ne veut plus que je la voie et que je l’embrasse.

— Est-ce que vous ne l’avez pas embrassée hier ?

— Ni hier, ni ce matin, ni les jours d’avant. Je l’ai bien vue couchée sur son lit avec sa grande robe blanche, mais elle regardait du côté de la mu-