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XXXIX


Un homme de haute taille venait à ma rencontre. Ce n’était qu’un paysan portant un panier et dont le costume n’offrait rien de frappant ; mais, à mesure qu’il s’approchait de moi, j’étais saisi de l’élégance de sa démarche, et le nom de Salcède s’écrivait en lettres de feu dans mon cerveau. La nuit commençait, et je ne pouvais distinguer sa figure. Je doublai le pas pour le voir de plus près, m’apprêtant à le saluer pour le forcer à soulever le chapeau déformé qui lui ombrageait fortement le visage, lorsque, au détour d’une roche qui me le masqua durant quelques secondes, je ne vis plus personne sur le sentier. Il avait disparu comme disparaîtrait un fantôme, car d’un côté le rocher à pic n’offrait aucun interstice dont il eût pu profiter ; de l’autre, le même roc plongeait verticalement dans l’abîme où roulait le torrent. Je restai là quelques instants stupéfait, regardant avec soin de tous côtés ; je