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Votre enfant, répondit le comte, a été cherché minutieusement et ne sera jamais retrouvé ; soumettez-vous à la volonté de Dieu.

Et, sentant qu’un mot de plus de la comtesse allait le faire éclater, il se retira en m’ordonnant de le suivre.

Je trouvais qu’il avait terriblement accentué les mots votre enfant, et que sa physionomie avait révélé sa jalousie avec une amertume effrayante. Madame en avait-elle été frappée comme moi ? Julie, qui était fine, n’avait-elle pas dû pressentir la vérité ?

— Vous vous êtes trahi, dis-je à monsieur quand nous fûmes dans son cabinet.

— Qu’importe ? répondit-il en brisant son magnifique encrier en porcelaine de Sèvres : n’est-il pas temps qu’elle comprenne que je ne suis pas un niais et qu’elle me délivre de cette persécution ? Elle est aussi par trop simple ou par trop audacieuse ! Qu’elle sache donc que je suis son juge et sente que je suis son maître !

— Songez, monsieur le comte, que, le jour où elle saura vos soupçons, elle ne doutera plus de l’existence de son enfant et arrivera à le découvrir.

— J’y mettrai bon ordre, elle partira demain pour Pérouse.

— Elle est encore malade. Julie l’entend parler et sangloter la nuit ; elle a certainement la fièvre.

— Morte ou vivante, elle partira demain et elle