moi, ce que vous voudrez ; mais, si vous vous réjouissez de la société qui m’est venue, ayez le bon goût de ne pas m’en parler comme vous venez de le faire, je ne saurais le souffrir.
— De quoi diable vous fâchez-vous ? qu’ai-je donc dit de si blessant ? Vous devenez d’une susceptibilité par trop ombrageuse, ma chère amie ! Quel mal y aurait-il à ce que ce bon Palmer fût amoureux de vous ?
— Il y en aurait à vous de me laisser seule avec lui, si vous pensiez ce que vous dites.
— Ah ! il y aurait du mal… à vous abandonner au danger ? Vous voyez bien que le danger existe, selon vous, et que je ne me trompais pas !
— Soit ! alors passons nos soirées ensemble et ne recevons personne. Je le veux bien, moi. Est-ce convenu ?
— Vous êtes bonne, ma chère Thérèse. Pardonnez-moi. Je resterai avec vous et nous verrons qui vous voudrez ; ce sera le meilleur et le plus doux arrangement.
En effet, Laurent parut revenir à lui-même. Il entama une bonne étude dans son atelier et invita Thérèse à venir la voir. Quelques jours se passèrent sans orage. Palmer n’avait pas reparu ; mais bientôt Laurent se lassa de cette vie réglée, et alla le chercher en lui reprochant d’abandonner ses amis. À peine fut-il arrivé pour passer la soirée avec eux, que Laurent trouva un prétexte pour sortir et resta dehors jusqu’à minuit.
Une semaine se passa ainsi, puis une seconde. Laurent donnait une soirée sur trois ou quatre à Thérèse, et quelle soirée ! elle eût préféré la solitude.
Où allait-il ? Elle ne l’a jamais su. Il ne paraissait pas dans le monde ; le temps humide et froid ne permettait pas de penser qu’il se promenât en mer pour son plaisir. Cependant il montait souvent dans une barque, disait-il, et ses habits, en effet, sentaient le goudron. Il s’exerçait à ramer et prenait des leçons d’un pêcheur de la côte qu’il allait chercher dans la rade. Il prétendait se trouver bien, pour son travail du lendemain, d’une fatigue qui abattait l’excitation de ses nerfs. Thérèse n’osait plus aller