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les fenêtres de l’hôtel de Bouillon pour narguer le tyran qui peut, d’un geste et d’un mot, vous envoyer mourir à la Bastille.

Le duc, violent et sans scrupule, n’était pas méchant au fond, car il le laissa faire et ne sévit point. Il savait bien que la faim ramènerait l’indocile sous le joug. Le trésor dura quelques semaines ; lorsque l’enfant prodigue vit approcher le terme inévitable de sa splendeur, il alla trouver sa mère pour lui demander conseil. Elle savait tout, elle avait vu la lettre de cachet, elle l’exhorta à la soumission et se mit à ses genoux. Il avait le cœur tendre et généreux, il chérissait sa mère. Il disait d’elle sur ses vieux jours :

— J’ai connu bien des femmes charmantes, je n’en ai jamais rencontré aucune qui, pour la grâce, l’esprit et la bonté, approchât de ma mère.

Il fut ému, bouleversé ; il céda et partit pour le séminaire d’Évreux, où il devait faire son temps d’étude et d’épreuve.

L’aimable biographe que je résume croit savoir le véritable nom des demoiselles Verrières ; selon le texte que j’ai sous les yeux, elles s’appelaient de Rainteau, et la mère de ma grand’mère et de mon grand-oncle serait devenue comtesse