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en politique, elle n’avait pas de ménage, son mari étant resté dans ses terres et ne venant la voir que le samedi, jour de marché. Elle n’avait donc pas de milieu et paraissait fort désœuvrée. Elle aimait à causer, pourvu qu’elle n’eût qu’à faire des questions, et, comme elle manquait d’instruction, ses curiosités ne portaient que sur des choses inutiles et frivoles. Elle m’ennuya vite et je la quittai souvent, sous prétexte de vaquer à mon ménage, pour aller lire dans ma chambre. Elle n’était pas gênante et on pouvait l’oublier sur un fauteuil du salon sans qu’elle y trouvât à redire. Il n’était pas agréable d’aller chez elle : elle voulait recevoir sans être installée. Je ne pouvais pas souffrir sa cuisine marchoise fortement épicée. Après dîner, on dansait dans une chambre où il y avait des lits, entre autres celui de son petit garçon, qui arrivait du collége, dînait et s’endormait à huit heures, au son des violons, après s’être déshabillé tranquillement en plein bal. Le mari assistait quelquefois à ces réunions, où il paraissait ne connaître personne et ne disait pas un mot. J’ignore s’ils vivaient en bonne intelligence. Ils se disaient vous et se parlaient froidement. Dans tous les cas, ce qui