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avec elle. À cette époque, je courais beaucoup à cheval avec mon frère. Nous avions des bêtes assez ardentes, et nous nous trouvâmes dans un petit chemin encaissé, avec cette personne qui marchait devant nous.

J’ai oublié de vous dire son nom de baptême, le seul que je veuille vous dire. Mais ce nom lui allait très-bien, il était étrange comme elle : elle s’appelait Phœbé.

Comme elle faisait toutes choses à sa manière, elle ne montait pas à l’anglaise. Elle était assise tout à fuit de côté sur une belle selle de velours noir à clous dorés, faite comme les selles à âne où l’on assied les enfants, avec un très-grand rebord en arrière, un véritable dossier.

Elle n’avait aucun costume d’amazone ; une petite coiffure de velours et de rubans qui n’était à la mode d’aucun temps et qui paraissait être une chose commode de son invention, laissait paraître ses beaux cheveux tombant en longues boucles sur un châle rouge croisé sur la poitrine et noué derrière le dos. Elle me parut très-singulière, mais assez agréable à voir ; mon frère me la nomma, il l’avait rencontrée déjà à la ville et connaissait, je crois, un peu sa famille.