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jambes, car elle avait la tête, le buste et les bras d’une femme délicate et de moyenne taille ; les jambes n’en finissaient pas. Quand on la voyait assise, on ne se doutait de rien. Elle se levait et l’on était presque épouvanté. Mais on s’y faisait, car cette géante était d’une souplesse et d’une gaucherie charmantes ; elle avait des pieds d’enfant toujours chaussés avec recherche. Ses mains étaient petites aussi et chargées de bagues. Elle avait d’admirables cheveux d’un blond roux, le teint assez coloré, les épaules un peu carrées, la poitrine un peu plate, le dos un peu rond par l’habitude de se casser en deux à l’endroit de la ceinture, comme si ce buste fragile eût trop pesé à la base presque masculine du corps.

Ses traits n’étaient pas irréguliers, le nez était assez grand, la bouche encore plus, le front et la mâchoire étaient assez proéminents, l’oreille était petite et délicate, l’œil clair et caressant. On eût dit que la nature s’était ravisée au moment de faire un homme et que, pour effacer vite son premier jet, elle lui avait donné certains charmes étonnés de se trouver mariés aux hardiesses du premier plan.

C’est à la promenade que je fis connaissance