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torze enfants qui ont partagé les terres, démeublé la maison et démembré la réserve. Les uns arrachèrent les plants, les autres les laissèrent grandir incultes. Le tout fut morcelé, coupé par des buissons ; et, de l’ouvrage qui avait coûté tant de soins, il ne reste que ces vieux arbres qu’on oublie plus qu’on ne les respecte, mais qui, tout vieux qu’ils sont, dureront encore plus que nous.

Duteil nous appela pour le dîner. Il n’était plus question, à mon grand regret, de manger sur l’herbe. Il pleuvait tout de bon, et le couvert avait été mis dans une grande chambre à plafond bas, aux solives noircies, avec une seule petite fenêtre. L’obscurité me rend toujours triste et la pluie avait traversé facilement mon petit vêtement de drap léger. Je vis alors une scène curieuse en me réchauffant sous la haute cheminée. Hydrogène la remplissait à la hâte de bûches et de fagots. À peine avait-il le dos tourné et le feu commençait-il à flamber, que le joli papa de notre ami, M. Blaise, approchait doucement et emportait furtivement les bûches. Le fils revenait, et, croyant le combustible épuisé, remplissait de nouveau la cheminée ; tout aus-