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tous porté quelque chose, café, dessert, sucre, etc.

Nous sommes arrivés, mon frère et moi, comme le dernier des quatre-z-officiers de Malbrouck, c’est-à-dire ne portant rien, qu’un terrible appétit, excité par une longue course équestre dans des chemins endiablés et l’air piquant de la saison.

Comme nous entrions au galop dans la cour, — il faut toujours se payer une belle entrée, — le premier objet agréable qui frappa nos regards, entre un tas de fumier et une paire de bœufs crottés jusqu’à l’échine, fut celle que nous avons baptisée « Rose-du-Bengale ». Elle avait les manches retroussées jusqu’au coude et fouettait une crème dans une écuelle de terre. Après elle, nous apparut Caroline au long nez, à l’œil noir, au teint vermeil. Rondelette et mieux que jolie, charmante : elle remuait, au seuil de la maison, une casserole d’où s’exhalait un doux parfum d’oignon et de graisse chaude.

Alors apparut Hydrogène, qui ne tenait rien que ses mains au bout de ses bras, mais en les laissant pendre d’une si étrange façon, que je crus, à les voir si molles et si flottantes, qu’il secouait une paire de gants.