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— Réveillons les gens paisibles. Sonnons aux portes.

— C’est bien connu, mais c’est toujours bon.

— Non, non ! attendez, voilà M. Cuinat qui rentre chez lui. Arrêtez-le et mystifiez-le un peu. Moi, je me tiens à l’écart, ou mieux, je vais chercher un déguisement, car on ne peut rien faire sans cela.

Il court, je ne sais où, et nous allons à la rencontre de notre vieux ami M. le maire. Mon frère se jette dans ses bras en lui demandant aide et protection et lui fait une histoire d’enlèvement à laquelle le bonhomme ne comprend rien. Nous le suivons jusqu’à sa porte, qu’il nous ferme au nez en nous menaçant des gendarmes, disant qu’il ne sait pas si nous sommes des voleurs ou des farceurs. Duteil revient avec une vieille robe de chambre et un bonnet de nuit à rosette. Il a l’air du Malade imaginaire. Nous parcourons les faubourgs en aboyant. Duteil a un talent extraordinaire. Il connaît la note qui irrite le chien le plus paisible et le plus endormi. De proche en proche, la clameur gagne, et bientôt tous les échos de la ville ne forment plus qu’un hurlement entrecoupé de grincements