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MICHEL LÉVY

discernement arrive. Le médiocre, le mauvais même, est le marteau qui fait tomber la première pierre du caveau où l’intelligence est murée dans les ténèbres. Le marteau est grossier, mais la main qui le saisit est grossière aussi et ne saurait en choisir un meilleur. Le livre prosaïque, la littérature terre à terre, voilà ce dont l’illettré a besoin pour saisir la première lueur ; le jour viendra peu à peu comme il vient pour l’enfant, qui apprend à comprendre en même temps qu’il apprend à lire, et, dans cinquante ans d’ici, le mauvais et le médiocre n’auront plus d’éditeurs, parce qu’ils n’auront plus de consommateurs.

Ces réflexions sur l’œuvre dont l’initiative appartient à quelques hommes doués du génie de leur profession, m’ont semblé nécessaires à émettre pour caractériser le robuste et fécond emploi de la vie si bien remplie et beaucoup trop courte de Michel Lévy. Ce n’est pas seulement un homme riche qui disparaît, c’est une force intellectuelle qui nous est enlevée.

Elle sera remplacée, dira-t-on. Oui, sans doute ; mais elle le sera autrement, et, dût-elle l’être d’une façon absolue, nous n’en devons pas