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se déchira comme un rideau et le soleil dessina comme des éclairs de lumière sur les flancs du géant. Cette splendeur ne dura qu’un instant ; toutefois elle avait suffi pour empourprer les nuées qui rampaient sur nous d’une lueur rose et transparente qui dura plus d’une heure. À travers cette gaze magique, on distinguait les troupeaux paissant au flanc des montagnes, et les pentes gazonnées avaient des scintillements d’aigue-marine. Les sommets restaient enveloppés par les nuages, et on ne pouvait se faire aucune idée de leur hauteur. Je ne vis donc presque rien, cette fois-là, mais l’éclairage était si étrange et si agréable, que jamais je ne contemplai avec plus de plaisir ces beaux portiques de l’Auvergne, qu’on appelle les monts Dômes. Pardonnez-moi de vous dire si peu et si mal des impressions fugitives qui n’apprendront rien à personne, mais qui rappelleront à quelques voyageurs que la rêverie et la contemplation sans but font aussi partie des émotions de voyage.

À vous de cœur.


Nohant, décembre 1874.