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La pièce suivante est de mai 1851. La douce muse est-elle restée muette pendant deux ans ? Quand elle se réveille, elle est seule. C’est le 27 lévrier 1851 que Henri Delatouche est mort. Il l’a bénie, il l’a appelée « sa mère et sa fille et sa sœur ». Il lui a légué son ermitage et tout ce qu’il contenait. Elle va vivre là silencieuse et calme, car tout lui rappelle celui qu’elle a tant aimé.

Je suis seule partout hors de ce cher asile.
Où sans effroi je passe et mes nuits et mes jours,
Car, pour me protéger contre tout être hostile.
Quelque chose de lui sur moi plane toujours.
En vain, au sombre appel de la cloche vibrante.
Ils me l’ont pris gisant sous le plomb du cercueil ;
En vain, environné d’une foule pleurante,
De son doux ermitage il a franchi le seuil ;

Il n’est pas tout entier là-bas, sous cette pierre.
Il est ici
Il me l’avait promis à cette heure suprême

Où l’âme voit au loin l’avenir dévoilé.
« Reste en ce lieu, dit-il, et, sous ce toit que j’aime,
Je reviendrai vers toi, pauvre cœur désolé. »
Et moi, me confiant en sa sainte promesse,
J’ai banni le sommeil de mon œil enflammé.
Toute la nuit je veille à genoux, et sans cesse
Je prie et je t’appelle, ô frère bien-aimé !

Ces vers font partie du second livre ; mais, à mon sens, ils sont d’un troisième livre, d’une