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elle est entrée dans celle du dévouement. Peut-être aime-t-elle la vie pour la faire aimer à quelqu’un qu’elle aime.

Oui, elle aime enfin, et avec passion. C’est quand elle touche à la vieillesse, et que rien ne peut plus troubler l’état de sainteté où elle est parvenue, qu’elle s’éprend avec une chaste ardeur d’un mourant. Tout est étrange dans cette femme, mais rien n’est ridicule, car tout est naïf et grand. C’est lorsqu’elle a renoncé à la gloire qu’elle arrive au génie ; c’est lorsqu’elle ne chante plus que pour distraire un malade, qu’elle trouve en elle une voix pénétrante et souple. La nature qu’elle a vue dans ses grands aspects et qu’elle a peinte à grands traits lui révèle la suavité variée de ses détails.

Elle n’a plus besoin des grands lacs et du vaste ensemble des mers et des montagnes pour élever son âme et se perdre dans cette personnification de l’infini qui rendait son luth un peu monocorde. Elle regarde à ses pieds et, comme pour amuser et distraire son ami, elle ramasse des fleurs et des gouttes de rosée sur les feuilles. Sa voix s’est embellie en devenant charmante. Son ami est poëte aussi. La poésie