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Frais jardins, oliviers au vert mélancolique,
Port sublime, astres purs, tremblantes fleurs des cieux ;
Laissez-moi m’enivrer de votre aspect magique,
Rafraîchissez mon cœur et consolez mes yeux.

La corde poétique résonne encore, mais le cœur n’est pas guéri :

Mon cœur peut un instant s’enivrer de tes charmes,
Mais non se détacher de son premier séjour ;
Mon rapide sourire est noyé dans mes larmes,
On n’a qu’une patrie, une mère, un amour !

Le détachement de la vie se tourne de plus en plus vers l’aspiration mystique :

L’onde immortelle et pure
Qui seule peut un jour amortir ma blessure…
Elle ne coule point en ces terrestres lieux ;

Fais-la jaillir, mon Dieu, pour l’âme que dévore
Ce désir d’un bonheur qui n’est point ici-bas,
Toujours, partout, sans fin, mon cœur navré t’implore ;
Il souffre et te bénit, ne le rejette pas.

Ces vers sont de l’époque romantique ; s’ils n’en ont pas précisément la forme, ils en ont le sentiment. À cette époque, tous les poëtes étaient brisés, mourants, désespérés. Avec la mode, leur mal a passé. Ici, nous avons affaire à une per-