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gestes trop précis, aux physionomies inertes.

Nous avons toujours cru qu’il était possible de créer, en petit, un théâtre dont une seule personne serait l’inspiration, le mouvement et la vie. Ce problème semblait tout réalisé déjà par les guignols des baraques, dont la verve et la gaieté ont le monopole de la place publique. Mais, à ces divertissements élémentaires, ne pouvait-on ajouter l’illusion théâtrale, la poésie ou la réalité du décor, le mérite ou le charme littéraire ? Avec des moyens aussi simples que la marionnette sans jambes, vue à mi-corps, pouvait-on obtenir l’illusion de la scène et sortir des classiques lazzi de Polichinelle ? C’était un problème, et voici comment il a été résolu par mon fils Maurice Sand, que j’appellerai Maurice tout court, puisqu’il ne peut pas être monsieur sous ma plume.

C’est en 1847 que, pour la première fois, avec l’aide d’Eugène Lambert, son ami et son camarade à l’atelier d’Eugène Delacroix, et sans autre public que moi et Victor Borie, alors journaliste en province, Maurice installa une baraque de marionnettes dans notre vieux salon. Nous venions d’être assez nombreux pour jouer en