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la première part dans le droit humain. La liberté n’est pour lui que le moyen de l’exercer. Nous voici bien loin du matérialisme proprement dit, qui détruit toutes les notions du devoir et du droit. Cette constatation du fait primordial nous suffit. Elle légitime l’affirmation de M. Renan que l’univers a un but et que l’homme est vertueux ou coupable selon qu’il se soumet à ce but ou qu’il cherche à le combattre.

Dire que le livre est beau, c’est dire ce qui frappe tous les lecteurs de M. Renan. Mais disons aussi qu’il est bon ; que son mérite n’est pas purement littéraire ; qu’il nous réconcilie avec le bon sens, tout en développant de plus en plus en nous le sentiment de l’idéal, enfin qu’il assure nos pas sur la terre, tout en aidant nos ailes à pousser. N’est-ce pas là, en effet, le grand, le vrai problème ? Ne faut-il pas que nous échappions radicalement aux illusions du passé, et qu’en même temps nous gardions la foi et le culte des vérités sacrées sans lesquelles nous assimilerions les idées aux faits et perdrions la notion de la grande synthèse ? La nature est immorale, nous disent les savants. Elle ne fait pas de choix ; elle frappe sans souci du mérite