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MON GRAND-ONCLE

— Fais donc comme tu voudras, f… bête !

Il le gratifia de la même épithète lorsque, voulant lui faire accepter vingt-quatre mille livres de rente en toute propriété, au lieu de douze mille francs de pension viagère que son père lui avait légués, il le trouva inaccessible à toute vue d’intérêt personnel. Mais, s’il était grossier, il était reconnaissant, et l’abbé fut la seule affection réelle de sa vie.

Et pourtant il mourut brouillé avec ce bon ange de frère. La duchesse de Bouillon, cette princesse de Hesse qu’il avait épousée et répudiée dès le lendemain, était venue trouver M. de Beaumont pour le supplier de la réconcilier avec son mari. Le prince prit la chose très-mal et l’envoya faire f…, en ajoutant :

— Va au diable et mènes-y ma femme avec toi !

M. de Beaumont savait qu’il aurait raison de lui en feignant de le bouder. Il resta deux jours sans le voir ; le troisième, il apprit que son frère était mort subitement dans la nuit.

Le bon abbé aimait ce malheureux en raison du dévouement absolu qu’il avait eu pour lui, il fut longtemps inconsolable.