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FARGANACCIO.

Nous aurions été marris de passer ici sans avoir l’avantage de vous y saluer.

ORDONIO, avec hauteur.

Je suis votre esclave.

FARGANACCIO, d’un air dégagé et se dandinant.

Eh bien, mon jeune maître, comment gouvernons-nous les plaisirs ?

ORDONIO.

Comme vous gouvernez vos affaires, messieurs, le moins mal que nous pouvons.

MALAVOLTI.

Vous faites, assure-t-on, les délices de la cour !

LE CHANOINE, d’un ton ferme.

Ma nièce m’a dit que vous nous quittiez, seigneur Ordonio.

ORDONIO, regarde Cosima d’un air de surprise, puis reprend avec assurance.

Oui, mon révérend. J’emporterai le vif regret de n’avoir pu prendre congé d’Alvise ; mais madame, à laquelle je suis venu aujourd’hui offrir mes adieux, voudra bien m’excuser auprès de lui.

COSIMA, à part.

Malheureuse que je suis, je me sens mourir !

FARGANACCIO.

Ah ! que vous allez faire couler de larmes ! Tout le beau sexe de Florence prendra le deuil.

ORDONIO, haut, avec intention.

Je ne crois pas, car ce sont justement ses rigueurs qui me chassent.

FARGANACCIO.

C’est trop de modestie ! Et la dame voilée que je rencontre tous les soirs (oh ! c’est un singulier hasard !) au coin de votre rue, et qui disparaît juste devant cette petite porte… vous savez bien ? une petite porte qui se trouve je ne sais comment au bas de votre maison ?… Eh ! eh ! on sait vos secrets.