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ALVISE.

En fait d’amitié, je ne comprends rien à la discrétion. Restez longtemps près de nous ! Cosima, dis-lui que tu le veux.

COSIMA, à Ordonio, avec embarras.

Daignerez-vous céder aux prières démon mari ?

ORDONIO, avec intention.

Si vous y joignez les vôtres, madame…

ALVISE.

Voilà qui est convenu. Ce jour sera donc sans nuage pour moi !… Mais Néri !… Ma femme, tu n’as rien dit à Néri !… (il le cherche, et va le prendre dans un coin, où il s’est tenu triste et recueilli, durant toute cette scène.) Quoi ! c’est toi qui viens le dernier embrasser ta sœur ? Cosima ! tu ne sais donc pas ce qu’il a fait pour moi ? lui qui s’est accusé pour me sauver !… On s’est donné plus de peine pour lui faire avouer son innocence qu’on n’en prend pour arracher aux autres l’aveu d’un crime. (À Néri, avec saisissement, en le regardant.) Ah ! mon enfant, tu as plus souffert que moi, je le vois bien !… Regarde, Cosima ! il a persisté dans les tourments à dire qu’il était coupable !…

NÉRI.

Vous n’avez pas daigné encore vous souvenir de moi, Cosima ! Il est vrai que, lorsque nous nous sommes quittés, j’avais encouru votre disgrâce.

COSIMA.

Néri ! Elle se courbe lentement devant lui et se met à genoux ; Néri, éperdu, relève Cosima, qui l’embrasse avec effusion.

ALVISE.

Oh ! oui, tu as raison, ma bonne femme.

FARGANACCIO.

Allons, trêve de soupirs et de larmes ! Vous nous devez un souper, Alvise !

ALVISE.

Et il sera aussi joyeux que le dernier fut triste. Allons,