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COSIMA.

Non apparemment, mon oncle ! je suis si émue, si heureuse, si impatiente de revoir Alvise !… Mais qui donc se promenait là… (montrant la fenêtre) sous ces arcades, tous les soirs, pendant des heures, pendant des nuits entières ?…

LE CHANOINE.

Le page d’Ordonio.

COSIMA.

Et qui donc a été assassiné ?

LE CHANOINE.

Le page, te dis-je !…

COSIMA.

Oh ! c’est impossible !… Mais que m’importe, à moi ? Ordonio est vivant, mon mari est sauvé ! Mon oncle, je vous dirai ce que je trouve d’étrange dans tout ceci,… mais pas aujourd’hui… plus tard !…

LE CHANOINE.

Et pourquoi pas tout de suite, ma fille ?

COSIMA.

Oh ! non, mon oncle… (à part.) Quel est donc ce nouveau mystère ? Est-ce un adroit mensonge d’Ordonio pour s’introduire dans ma famille ?… Serais-je sa complice ?… Mais dois-je éveiller les soupçons de mon mari ?… Oh ! non ! le bonheur, le repos d’Alvise avant tout ! Je me tairai, du moins jusqu’à ce que…

LE CHANOINE, à part.

Elle est bien agitée… Ordonio voudrait-il… oserait-il nous tromper ? J’aurai l’œil sur lui. (Haut.) Ma fille, la dignité de ton mari, la nôtre à tous est dans tes mains.

COSIMA.

Que voulez-vous dire, mon oncle ?

LE CHANOINE.

Cosima, vous êtes jeune, vous êtes belle ; mais il est une parure sans laquelle toute beauté terrestre perd son éclat et son prix. Cette parure, c’est une bonne renommée ; elle doit être sans tache…

COSIMA.

La mienne est-elle donc entachée, mon oncle ?