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singulier !… je ne le vois pas encore. Pourtant, dès que le jour baisse, il est toujours là, sous les arcades, se cachant comme un voleur.

COSIMA.

Et que vous importe ?

PASCALINA.

C’est qu’aussi cela fait damner, de voir un pareil vaurien tourner et retourner devant notre maison, comme si Votre Seigneurie n’était pas une honnête femme et comme si messire Alvise n’était pas homme à lui donner un bon coup d’épée à travers le corps.

COSIMA.

Que dites-vous donc, Pascalina ? Ne prononcez jamais de telles paroles devant toute autre personne que moi, entendez-vous bien !

PASCALINA.

Bah ! est-ce que notre maître ne serait pas bon pour tuer ce grand coquin-là ? Oh ! il n’y a pas de danger ! Les hommes les plus hardis auprès des femmes sont les plus timides en face des maris, et vice versus, comme dit M. le chanoine ; les hommes les plus doux à la maison sont les plus terribles avec leurs ennemis.

COSIMA.

Ce serait faire trop d’estime de ce désœuvré que de le traiter en ennemi.

PASCALINA.

C’est aussi ce que dit messire Alvise.

COSIMA.

Comment ! est-ce que mon mari a parlé de lui devant toi ?

PASCALINA.

Pas plus tard qu’hier, messire Malavolti qui va toujours grondant, et l’autre voisin qui plaisante toujours, messire Farganaccio, lui faisaient reproche de ce que, étant des premiers négociants et, par conséquent, des bons magistrats de