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Bonsoir, mon bon et cher enfant. À bientôt, n’est-ce pas ? Nous t’embrassons tous à qui mieux mieux.

G. S.


DCCXC

À M. BERTON PÈRE, À PARIS


Nohant, 21 février 1871.


J’avais un rêve, mon enfant : demander une augmentation de subvention, faire de l’Odéon le véritable Second Théâtre-Français, n’en tirer aucun bénéfice pour moi, composer une excellente troupe admirablement payée, toi et ton fils en tête ; savoir y perdre de l’argent pour monter et soutenir le temps voulu certaines pièces qui sont appréciées par l’élite et que le vulgaire ne couvre pas d’argent. Avec la renonciation aux profits personnels, ces essais dignes et généreux deviennent possibles, et les pièces à succès sont destinées à couvrir les dépenses, comme la subvention large est destinée à empêcher les pertes. Je crois que j’obtiendrais la réalisation de ce rêve si je m’y décidais absolument. Pour cela, il faudrait un sous-directeur convenablement gagé, et nous aurions pu le choisir. Mais je ne me sens pas la certitude de pouvoir vouloir ce grand effort, dans le moment d’incertitude morale et politique où nous sommes, et ton projet, à toi, m’arrive comme une solution que je ne demande qu’à accepter ;