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toujours brave, même ceux qui, trop neufs au danger, se mettent en débandade ; quand on les ramène au combat, ils prennent leur revanche. Enfin, la partie ne me semble pas perdue. Paris est admirable, et Chanzy paraît faire des merveilles de constance et de bravoure.

Espérons encore que la France se sauvera par sa propre vitalité. Quant au lendemain, tout est mystère, et les plus sages conjectures seront probablement déjouées comme toujours ! Le parti légitimiste se met beaucoup en scène et le chic aristocrate n’est pas éteint en province. La république rouge est en partie revenue au patriotisme pur. La modérée, celle qui gouverne à présent, est beaucoup trop catholique. Enfin Dieu sait où nous allons. Au cœur de la France, livrés à nous-mêmes sans Paris-Boussole, nous avons peur de notre propre judiciaire, puisque les faits nous échappent et nous sont mal rapportés. Écrivez ce que vous savez, ce que vous avez vu.

Vous l’écrirez bien, vous l’aurez vu de haut. Pour ce qui se passe à présent, attendez encore, mon ami et méfiez-vous des renseignements, jusqu’à nouvel ordre. C’est une immense bataille par petits épisodes ; pas de communications pour connaître chaque scène d’un drame embrouillé, terrible, à la fois splendide et misérable, et dont nous ne sortirons que par le splendide. Autrement, c’est la fin d’un monde. Le triomphe de la Prusse, c’est l’Europe en servage.

Les nouvelles qui m’arrivent à l’instant sont bonnes ;