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Nous sommes donc revenus chez les plus proches de notre foyer abandonné, et nous attendons les événements. Dire tout ce qu’il y a de périlleux et de troublé dans l’établissement de la République au fond de nos provinces serait bien inutile. Il n’y a pas d’illusions à se faire : on joue le tout pour le tout, et la fin sera peut-être l’orléanisme. Mais nous sommes tellement poussés dans l’imprévu, qu’il me semble puéril d’avoir des prévisions ; l’affaire est d’échapper au plus prochain désastre.

Ne disons pas que c’est impossible, ne le croyons pas. Ne désespérons pas de la France. Elle subit une expiation de sa démence, elle renaîtra, quoi qu’il arrive. Nous serons peut-être emportés, nous autres. Mourir d’une fluxion de poitrine ou d’une balle, c’est toujours mourir. Mourons sans maudire notre race !

Nous t’aimons toujours, et tous nous t’embrassons.


DCCLXV

À M. JULES BOUCOIRAN, À NÎMES


La Châtre, 12 octobre 1870.


Cher bon ami,

Après avoir couru la Creuse, nous sommes revenus à la Châtre pour quelques jours. Nous y sommes installés chez les Duvernet. Maurice n’a pas cru devoir