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Paris n’a pas attendu, Paris a conquis sa liberté sans coup férir ; j’espère que, plantée ainsi, elle est viable. À présent, il faut reconquérir la patrie !

Je vous embrasse, nous vous embrassons tous tendrement.

G. SAND.


DCCLVIII

À M. CHARLES DUVERNET, À LA CHÂTRE


Nohant, 10 septembre 1870.


Chers amis,

Nous jouons de malheur ! une fois vous êtes venus, et nous étions au Brolet[1], au diable ! La seconde fois, mes enfants étaient sortis et j’étais dans mon lit avec la fièvre. Êtes-vous à la Châtre ou au Coudray ? Si au Coudray, il est possible que nous allions vous demander asile pour deux ou trois jours, afin d’éviter la variole charbonneuse qui s’est déclarée à notre porte et qui a enlevé le mari de ma pauvre Sylvie[2] ; son fils est malade aujourd’hui, et on ne sait encore si ce sera le même mal. Nous sommes effrayés pour nos petites ; car la vaccine ne préserve pas de cette affreuse variété de la variole. Si le mal se propageait,

  1. Village à la limite du département de l’Indre et de la Creuse.
  2. Femme de chambre de George Sand à Nohant.