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DCCLII

À M. ANDRÉ BOUTET, À PALAISEAU


Nohant, 21 août 1870.


Cher ami,

Il ne s’agit pas de placement bon ou mauvais, je n’en suis pas là. Il y aura trop de misère autour de nous, avec ces hommes qui partent et ne reviendront peut-être pas, pour que je songe à faire fructifier mon argent. J’ai reçu les deux mille francs ce matin. Envoyez-moi mon reste, moins les fractions, les cent et quelques francs, que vous donnerez à l’ambulance de Palaiseau. Envoyez-moi aussi un modèle de quittance pour que je vous le retourne. Je ne puis donner du linge à madame Bordin : nous venons d’expédier une caisse énorme à l’Internationale, nous n’en avons plus.

Nous voilà encore sans nouvelles aujourd’hui. Ces jours d’attente sont cruels !

Un seul de mes petits-neveux est dans la mobile ; l’aîné est magistrat et fils aîné de veuve ; l’exemption légale est maintenue. Cette mobile va être exercée et n’est pas encore capable d’aller au feu.

Nos inquiétudes personnelles s’apaisent ; mais le mal général nous accable. Je suis, moi, de la sociale