Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

baragouine l’italien dans ton genre ; nous espérons que tu n’auras plus de fumée. Il a remis à neuf le calorifère. La salle à manger est tendue d’un tapis mosaïque qui n’exposera plus ton noble individu à des chutes dommageables. Les pastèques dont tu as fourni la graine violette et la chair rose ont fait des petits excellents dont nous faisons orgie, Lina et moi. Fadet a été fort content de nous revoir, mais il est vite remonté flairer à ta porte pour savoir si tu étais revenu. Notre voyage a été plus long de quatre heures que celui de Paris à Trouville. Pourtant je n’ai pas été fâchée de traverser toute la Normandie, le Maine, et une partie du Berry que je connaissais peu. C’est très joli d’un bout à l’autre ; mais force nous a été de reconnaître que la grande coupe de la vallée Noire, vue de Corlay, enfonçait tous les paysages vus en route, et que, cette année, nous sommes encore plus verts et plus frais que la Normandie. Titite a trouvé que le sable de la terrasse devant le perron était une plage bien petite. Moi, j’ai couru à la rivière hier et avant-hier. La cascade est bien petite depuis que tu ne la démolis plus à ta guise ; mais il y a encore de quoi se coucher dans une eau bien courante et bien claire ; j’aime mieux ça que la vague et le public. Mais les autres ont voulu garder leur salaison et je suis seule à braver cette eau vraiment glaciale. J’ai fait, hier et ce matin, mon feuilleton bimensuel, où j’ai réussi à parler tout au long des idées de Favre, Dumas et Girardin sans dire un mot d’eux ni de leurs