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un de mes petits-neveux. Je jouis avec délices de la mer et du farniente. Nous sommes encore ici pour dix ou douze jours, et nous nous en irons probablement par la Bretagne, en suivant la côte le plus possible, pour mettre beaucoup d’air salin dans les poumons fatigués de nos petites.

Voilà notre bulletin, mon cher enfant, puisque tu désires savoir ce que nous devenons. Je n’ai reçu ta lettre qu’hier ; Maurice me l’a renvoyée de Nohant, où nous serons tous de retour au mois de septembre et où nous t’attendrons. Je t’écris un peu à tâtons, n’ayant point de lampe et ne sachant pas voir clair à la bougie.

Dis donc à Fechter que sa mémoire le trompe absolument. Je n’ai pu être mécontente de lui aux répétitions de Claudie, puisque je n’y étais pas. C’est Bocage qui a monté la pièce. Je n’avais jamais vu Fechter, et je ne l’ai vu qu’à la septième représentation de Claudie, la seule à laquelle j’ai assisté. J’ai été émerveillée et enthousiasmée de lui. J’ai été à sa loge à la fin, je l’ai embrassé, et je n’ai peut-être pas dit tout ce que je devais lui dire. J’étais trop contente et trop émue, et, avec cela, je suis timide à l’abordage. Si quelqu’un lui a dit que je ne l’admirais pas sans réserve dans ce rôle, où il a été exquis, c’est quelqu’un qui me supposait imbécile. — Voilà l’exacte vérité.

Quant à toi, mon enfant, je te remercie de ta bonne et fidèle affection. Je crois la mériter, car celle que j’ai pour toi est maternelle et profonde. Bientôt sep-