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parti, on se réveillerait peut-être. Mais peut-il prendre un parti ? Peut-on organiser un gouvernement quand l’ennemi est à la porte ?

J’ai peur de voir trop clair. Dites-moi que je n’y vois plus, c’est possible.

Écrivez-nous ; on vous aime et on vous embrasse.


DCCL

À M. ANDRÉ BOUTET, À PALAISEAU


Nohant, 20 août 1870.


Cher ami,

Nos lettres se sont croisées. Nous sommes d’accord. Envoyez-moi l’argent que vous avez pour moi, non que je sois prise de panique, mais parce que je vois bien qu’il y aura des malheurs autour de moi et que j’aurai à débourser.

Voici d’hier soir une dépêche signée Bazaine, qui semble être un succès. Nous avons, par la sous-préfecture, les nouvelles officielles presque aussitôt que vous. Ce que nous ignorons, c’est le sentiment général de Paris ; les lettres que l’on nous écrit se contredisent. On nous dit que c’est surtout la bourgeoisie industrielle et commerçante qui veut la déchéance. Cela me paraît bien logique ; mais l’homme est-il logique ?