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familles sont comparables à la tienne. Il me tarde de te revoir. Tu dois être grand, et j’attends avec impatience que tu sois assez jeune homme pour qu’on te permette de venir passer une partie de tes vacances auprès de ta marraine. Elle a le même bonheur que toi ; elle a une excellente famille qu’elle chérit et où chacun est entièrement dévoué aux autres. J’espère qu’alors tu ne m’appelleras plus madame et que tu me feras le grand plaisir de me dire tu, comme je me permets de le faire avec toi. Mes autres filleuls ou filleules ne me disent pas vous. Ils ne me connaissent pas tous beaucoup ; mais la connaissance est vite faite quand on se retrouve, parce qu’on a toutes les meilleures raisons pour s’aimer.

Je vois et je sais que tu travailles bien et que tu pourrais m’enseigner le latin, que je ne sais pas. Tu fais bien d’aimer aussi à lire dans notre langue, que la coutume de l’éducation classique a été longtemps de négliger et de ne pas savoir. Ton père te préservera de cet écueil, lui qui parle si bien ; tu n’auras qu’à l’écouter.

Je t’embrasse tendrement, mon cher enfant, et je te charge d’embrasser pour moi ta mère et tous tes charmants frères et sœurs.

Ta marraine,
GEORGE SAND.