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DCCCXLIII

AU MÊME


Nohant, 25 janvier 1872.


Tu as très bien fait de m’inscrire, et même je veux contribuer. Porte-moi pour la somme que tu voudras et dis-le-moi pour que je te la fasse remettre.

J’ai lu ta préface dans le Temps : la fin en est très belle et très touchante. Mais je vois que ce pauvre ami était, comme toi, indécoléreux, et, à l’âge que tu as maintenant, j’aimerais te voir moins irrité, moins occupé de la bêtise des autres. Pour moi, c’est du temps perdu, comme de se récrier sur l’ennui de la pluie et des mouches. Le public, à qui l’on dit tant qu’il est bête, se fâche et n’en devient que plus bête ; car, fâché ou irrité, on devient sublime si on est intelligent, idiot si on est bête.

Après ça, peut-être que cette indignation chronique est un besoin de ton organisation ; moi, elle me tuerait. J’ai un immense besoin d’être calme pour réfléchir et chercher. En ce moment, je fais de l’utile au risque de tes anathèmes. Je cherche à rendre clairs les débuts de l’enfant dans la vie cultivée, persuadée que la première étude imprime son mouvement sur toutes les autres et que la pédagogie nous enseigne toujours