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l’injustice avec un visage serein, comme dit Shakspeare. Quand j’aurai épuisé ma coupe d’amertume je me relèverai. Je suis femme, j’ai des tendresses, des pitiés et des colères. Je ne serai jamais ni un sage ni un savant.

J’ai reçu un aimable petit mot de la princesse Mathilde. C’est brave et bon de sa part de revenir près de ses amis, au risque de nouveaux bouleversements.

Je suis contente que ces petites mines d’enfants t’aient fait plaisir. Tu es si bon, j’en étais sûre. Je t’embrasse bien fort. Tu as beau être mandarin, je ne te trouve pas Chinois du tout, et je t’aime à plein cœur.

Je travaille comme un forçat.


DCCCXXVIII

À M. ÉDOUARD DE POMPÉRY, À PARIS


Nohant, 6 octobre 1871.


Merci de votre bonne lettre. Mon cœur bien gros a du soulagement quand il rencontre des sympathies vraies dans ce temps troublé, douloureux, navré. Et si on voyait l’avenir !

Est-ce que vous l’apercevez ? Ce que vous me dites est vrai, quant au présent, et, quant à l’avenir, je crains bien, comme vous, que l’intelligence et l’honnêteté ne nous fassent défaut ! Ah ! que j’aurais voulu mou-