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voyage ou critique, et le tout couronné par un résumé politique de la quinzaine. La politique du Temps acquerrait ainsi une autorité très grande. Elle ne perdrait pas celle qu’elle a au jour le jour, elle la décuplerait en la résumant et en l’expliquant. J’estime qu’une feuille de la Revue des Deux Mondes, qui est une bonne mesure pour un article de variétés sérieuses, tiendrait dans une page et un tiers du Temps ; d’autres travaux s’arrangent aussi bien d’une demi-feuille. Enfin, je m’imagine qu’il y aurait une magnifique tentative à faire et un immense succès à conquérir, si, — à peu de frais, et sans changer les habitudes du journal quotidien, — on arrivait à y joindre une Revue. Le public français ne comporte pas plus d’une ou deux Revues dans la forme qu’elles ont maintenant, parce que c’est trop cher à établir, trop cher d’abonnement ; ne pouvant résoudre la difficulté, on pourrait la trancher en la tournant, et le journal qui ferait cette innovation aurait tant de succès, qu’il ne lui serait pas nécessaire d’élever son prix. Tout au moins il pourrait laisser à l’abonné la liberté de s’abonner à part au supplément, et, par là, il ne compromettrait rien. Réfléchissez et calculez. Je ne crois pas vous communiquer une pure rêverie. J’y ai pensé bien longtemps et bien souvent. Il y a des conditions de succès qu’on force en les déplaçant.

À vous de cœur, cher ami.

G. SAND.