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J’ai fini un roman au milieu de cette tempête, me hâtant pour n’être pas brisée avant la fin. Je suis lasse comme si je m’étais battue avec nos pauvres soldats.

Je t’embrasse. Dis-moi où tu es, ce que tu penses.

Nous t’aimons tous.

La belle Saint-Napoléon que voilà !



DCCXLVI

À MADAME EDMOND ADAM, À PARIS


Nohant, 15 août 1870.


Chère enfant,

Quoi qu’il arrive, le ciel veuille que les ouvriers ne fassent pas à eux seuls la révolution ! Elle est dans de si bonnes conditions pour se faire sans combat entre Français ! Les batailles de la rue laissent des déchirements et des fureurs qui rendent la victoire stérile ou éphémère. Le pouvoir personnel s’écroule de lui-même, Dieu veuille qu’il soit enseveli par le concours de tous : armée, bourgeois, manœuvres, braves, poltrons, prétendants et radicaux  ! Alors on aura une révolution sociale viable. Autrement, je n’espère rien de bon du lendemain.

Dites-nous ce que voit et pense Adam. Nous vivons dans l’anxiété. Il faut que nous chassions les Prussiens et les empires du même coup.