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DCCCXV

À MADAME STELLA BLANDY[1].


Nohant, 19 juin 1871.


Madame,

J’ai lu votre livre. Je vous assure qu’il est charmant, très touchant, bien écrit et très sain, chose rare en ce temps-ci ! Je crois que vous devez continuer à écrire. Vous savez voir et peindre. En ce moment, on n’est guère porté à l’idylle ; c’est pourtant bon, de se reposer de la réalité, et croyez que la fiction gracieuse et attendrie fait souvent plus de bien que le raisonnement.

Vous dites, dans votre lettre, tout ce qu’il faut faire. Je suis bien de votre avis ; mais je ne me fais pas d’illusion sur le peu que nous pouvons, vous, moi et tant d’autres de bonne volonté. La France a la fièvre, et, quand l’accès sera passé, elle ne sera pas guérie pour cela. Il faut du temps, beaucoup de temps. Je ne me lasserai pas d’apporter mon grain de sable ; mais ce ne sera jamais qu’un grain de sable.

Pour ce qui me concerne, j’avais prévenu en quelque sorte votre désir ; car, en rendant, compte d’un

  1. Qui lui avait envoyé un de ses romans ; sans doute la Dernière Chanson.