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DXCIII

À M. SAINTE-BEUVE, À PARIS


Palaiseau, 1865.


Avez-vous lu un singulier petit volume qui a paru, il y a quelque temps, chez Dentu, sous un mauvais titre : un Amour du Midi, et sous le voile de l’anonyme ? Est-ce manque de courage, ou empêchement de position ? N’importe. L’ouvrage est bizarre, inégalement écrit, souvent très peu correct d’expressions, parfois trop naïf, parfois trop déclamatoire (comme, du reste, l’auteur a l’esprit de le juger lui-même) ; s’élevant dans le vague et retombant à plat dans le non-sens ; enfin très obscur parfois, comme la parole d’un exalté qui ne sait pas toujours ce qu’il dit.

Voilà bien des défauts. Eh bien, ces défauts pourraient être une grande habileté. Mais nous ne le croyons pas ; nous aimons mieux penser que l’auteur, jeune, est sans soin, sans expérience, et tout à fait dépourvu de ce que l’on est convenu d’appeler du talent.

Il n’en est pas moins vrai que cet essai anonyme mérite beaucoup d’être remarqué. Ce n’est ni un roman proprement dit, ni une analyse : c’est un cri de la passion. Mais ce cri est vrai et il est fort. Il ne