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DLXXXIV

À SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLÉON (JÉRÔME),
À PARIS


Palaiseau, 7 février 1865.


Voilà votre victoire annoncée dans les journaux, mon grand ami ! C’est un beau soleil d’Austerlitz que ce jour brumeux de février. Il ne fera pas brailler tant de trompettes, mais on en célébrera plus longtemps l’anniversaire. C’est votre œuvre, on le saura et on s’en souviendra. Moi, je n’oublierai pas que vous avez passé avec nous, dans un petit coin, la soirée après ce beau combat, et, en vous écoutant, j’aurais oublié les heures ; je crains que nous n’ayons abusé de votre bonté, nous qui n’avons rien de mieux à faire que de vous entendre, tandis que, vous, vous avez tant de grandes et bonnes choses à accomplir.

Le bonheur est une abstraction en même temps qu’une réalité, quoi qu’en disent les philosophes. Durable et certain à l’état d’idéal pour qui en connaît la vraie et haute nature, il est momentané et puissant à l’état de réalité, quand les faits servent l’idéal. Donc, portant en vous la vraie notion du bonheur, qui est de le répandre et de le donner, vous en savourez quelquefois la sensation, quand les faits obéissent à votre ardente et généreuse volonté.