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surtout sous le coup de ce chagrin encore si saignant de la perte du pauvre petit.

Comme vous me lisez souvent, cher ami ! Je suis toute honteuse et tout effrayée, moi qui ne me relis que contrainte et forcée ! J’ai peur que vous ne vous dégoûtiez de cet écrivain trop fécond ! Il m’amuse si peu, que, ayant à faire une pièce qu’on me demande, avec Mont-Revêche, je n’ai pas le courage de relire le livre !

À vous.

G. SAND.


DLXXVI

À MADAME LINA SAND, À NOHANT


Palaiseau, novembre 1864.


Ma belle Cocote,

Tu es bien gentille d’être sage et mieux portante. Si je t’ai donné du courage, c’est en ayant celui de ne pas te parler de mon propre chagrin. L’oublier et en prendre son parti est impossible ; mais vivre quand même pour faire son devoir, pour consoler ceux qu’on aime et les aider à vivre, voilà ce qui est commandé par le cœur. La philosophie, la religion même sont par moments insuffisantes ; mais, quand on aime, on doit avoir la douleur bonne, c’est-à-dire aimante. Aide