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conciliables avec les nécessités et les dépenses de la vie actuelle, qu’ils ne sauront s’installer, comme il faut, nulle part. Ils peuvent être si bien chez nous, en réduisant la vie de Nohant à des proportions modérées et avec le surcroît de revenu que je leur laisse ! Si mes arrangements avec les domestiques ne leur conviennent pas, ils seront libres, l’année prochaine, de m’en proposer d’autres et je voudrai ce qu’ils voudront. Qu’ils tâtent le terrain, et, à la prochaine Saint-Jean, ils sauront à quoi s’en tenir sur leur situation intérieure. Après moi, ils auront, non pas les ressources journalières que peut me créer mon travail quand je me porte bien, mais le produit de tous mes travaux ; ce qui augmentera beaucoup leur aisance, et, comme ils n’ont pas à se préoccuper de l’avenir, ils peuvent dépenser leurs revenus sans inquiétude.

Je sais qu’il y a pour Maurice un grand chagrin de cœur et un grand mécompte d’habitudes à ne m’avoir pas toujours sous sa main pour songer à tout, à sa place. Mais il est temps pour lui de se charger de sa propre existence, et le devoir de sa femme est d’avoir de la tête et de me remplacer. N’est-ce pas avec elle qu’il doit vieillir, et comptait-il, le pauvre enfant, que je durerais autant que lui ?

Attirez leur attention et provoquez leur conviction sur cette idée, que, pour que je meure en paix, il faut que je les voie prendre les rênes et mener leur attelage. Ce qui était n’était pas bien, puisqu’ils n’en