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bas, à Guernesey, qu’on reprenait Lucrèce Borgia à Paris ; vous avez causé doucement et paisiblement des chances de cette représentation ; puis, à dix heures, au moment où toute la salle rappelait Mélingue et madame Laurent après le troisième acte, vous vous endormiez, afin de pouvoir vous lever, selon votre habitude, à la première heure, et on me dit que, dans le même instant où j’achève cette lettre, vous allumez votre lampe, et vous vous remettez tranquille à votre œuvre commencée.


DCCXXI

À MAURICE SAND, À NOHANT


Paris, 21 février 1870.


Pendant que tu m’écrivais que madame Chatiron allait probablement mieux, elle s’en allait, la pauvre femme ! et j’ai reçu par René la triste nouvelle en même temps que les espérances de ta lettre.

Je vois que la neige et la glace vous ont isolés, comme si vous étiez dans les Alpes ou dans les Pyrénées. Quel hiver ! il n’est pas étonnant que ce pauvre être si fragile, dont la vie tenait du prodige, n’ait pu le supporter. C’était, en somme, une femme excellente et que j’ai appréciée quand elle a vécu chez moi. Je sais que Léontine la regrettera beaucoup ; je lui écris ; tâchez de la consoler un peu.