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nesse et le peuple ; pas de sénateurs ni de prêtres. J’y ai vu Girardin, qui a dit à Solange que son roman était très bien, et qui l’a beaucoup encouragée à continuer ; Flaubert, qui était très affecté ; Alexandre : son père, qui ne marche plus ; Berton, Adam, Borie, Nefftzer, Taine, Trélat, le vieux Grzymala, Prévost-Paradol, Ratisbonne, Arnaud (de l’Ariège), catholique. Des athées, des croyants, des gens de tout âge, de toute opinion, et la foule.

La chose finie, j’ai quitté tout ce monde officiel pour aller retrouver ma voiture ; alors en rentrant dans la vraie foule, j’ai été l’objet d’une manifestation dont je peux dire que j’ai été reconnaissante, parce qu’elle était tout à fait respectueuse et pas enthousiaste : on m’a escortée en se reculant pour me faire place et en levant tous les chapeaux en silence. La voiture a eu peine à se dégager de cette foule qui se retirait lentement, saluant toujours et ne me regardant pas sous le nez, et ne disant rien. Adam et Plauchut qui m’accompagnaient pleuraient presque, et Alexandre était tout étonné.

J’ai trouvé cela mieux que des cris et des applaudissements de théâtre, et j’ai été seule l’objet de cette préférence. Il n’y avait pour les autres que des témoignages de curiosité. Plauchut m’a fait promettre de te raconter cela bien exactement, disant que tu en serais content, parce que c’était comme un mouvement général d’estime pour le caractère, plus que pour la réputation.