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que la durée de ce qui est. Notre parrain Jérôme est mieux portant, après nous avoir donné de l’inquiétude ; il nous a écrit hier. Lolo se livre à présent à la danse et au chant avec succès. Maurice fait des merveilles de décors pour les marionnettes.

Moi, j’ai achevé un grand travail et je ne fiche plus rien. Je suis en récréation, je donne le soir des leçons de fanfares au clairon des pompiers. En voilà une occupation ! mais, comme je sais mon affaire, à présent ! le réveil, l’appel, le rappel, la générale, la berloque, l’assemblée, le pas accéléré, le pas ordinaire, etc. Je profite de l’occasion pour apprendre les éléments de la musique à mon bonhomme, qui est garçon meunier et ne sait pas lire ; il est intelligent, il apprendra.

J’ai enfin relu Laure. Les défauts sont adoucis, les qualités mieux en lumière ; mais les défauts existent toujours, défauts absolument relatifs, qui n’en sont pas par eux-mêmes, et qu’on peut signaler sans vous rien ôter de votre valeur personnelle. L’inconvénient de vos ouvrages est celui de ne pas s’adresser à une classe déterminée de lecteurs intellectuellement hybrides comme vous. C’est un obstacle, non au mérite, mais au succès de la chose. La partie qui intéresse les uns est celle qui n’intéresse pas les autres, et réciproquement. Je crois qu’il faudrait choisir, mais je ne peux pas encore vous dire dans quel sens vous pouvez le mieux marcher ; cet ouvrage-ci ne tranche pas pour moi la question ; j’y vois un grand progrès des deux