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vice de faire de vous des victimes, et d’amener à vous le libéralisme de cette époque.

Ne faites donc pas de victimes, à moins que vous ne vouliez vous faire des ennemis. Laissez l’histoire se faire aussi d’elle-même par la discussion et par l’enseignement, par la polémique ou par la littérature ; là seulement, elle éclora avec le calme que vous prescrivez. Ne l’obligez pas à sortir armée de chaque bouche, avec sa terrible preuve à l’appui. Il y en aurait trop, et vous seriez effrayés vous-mêmes des documents que le présent a mis en réserve pour l’avenir. L’histoire se ferait trop vite, et nous sommes les premiers à souhaiter qu’elle vienne à son heure, comme toute évolution sérieuse de la conscience humaine.

GEORGE SAND.


DCLI

À GUSTAVE FLAUBERT, À CROISSET


Paris, mardi 1eroctobre 1867.


D’où crois-tu que j’arrive ? De Normandie ! Une charmante occasion m’a enlevée il y a six jours. Jumièges m’avait passionnée. Cette fois, j’ai vu Étretat, Yport, le plus joli de tous les villages, Fécamp, Saint-Valery, que je connaissais, et Dieppe, qui m’a éblouie ; les environs, le château d’Arques, la cité de Limes,