Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mal préparées. Elles tombent en poussière et, pour quelques-unes, c’est grand dommage. Je partage votre prédilection pour la parnassie. On se figure que certaines plantes sont douces et heureuses plus que les autres.

Je vous embrasse et vous aime, ma bonne fille.

G. SAND.


DCXLVI

À M. ARMAND BARBÈS, À LA HAYE


Nohant, 27 août 1867.


Cher excellent ami,

J’ai été frappée d’une douleur profonde. J’ai perdu mon ami Rollinat, qui était un frère dans ma vie : je l’ai su à peine malade et il demeurait à huit lieues de moi ! J’ai été si accablée pendant quelques jours, que je ne comprenais pas cette séparation, je n’y croyais pas. Je la sens, à présent. C’est l’heure du courage qui est la plus cruelle, n’est-ce pas ?

On dit qu’en vieillissant on a moins de sensibilité et il en devrait être ainsi, car le terme de la séparation est plus court ; mais je trouve le déchirement plus affreux, moi. Plus on avance dans le voyage, plus on a besoin de s’appuyer sur les vieux compagnons de route, et celui-là était un des plus éprouvés et des plus solides, une âme comme la vôtre ; oui, il